Double "je" : portrait de Mélissa

A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes

Quel métier exercez-vous à l’Abrapa actuellement ?


Je suis cheffe des services prévention et téléassistance. Mon travail consiste à organiser et coordonner les activités de Téléassistance (Bip Tranquille) et Prévention (animation d’ateliers de prévention de la perte d’autonomie) sur le Bas-Rhin et le Jura.

Petite fille, quel était votre rêve ? Ou quel métier rêviez-vous de faire ?


Quand j’étais petite, je voulais faire de la natation synchronisée professionnellement. J’ai toujours aimé la danse et le milieu artistique.  Finalement je suis restée sur le côté artistique mais je n’en ai pas fait mon métier.

Pouvez-vous nous présenter votre passion ?


Je pratique l’effeuillage burlesque et d’autres danses que l’on peut qualifier d’«anciennes » comme le cabaret, le french cancan et le charleston.

J’ai toujours fait de la danse. Je suis passée par le modern jazz, le hip hop et bien d’autres. Ma mère aimait beaucoup les films anciens ; j’ai donc grandi avec l’image de la Pin-up et de la femme hollywoodienne comme Marilyne Monroe, ce qui a éveillé ma passion pour le rétro/vintage. Originaire de Moselle, c’est lorsque je suis arrivée à Strasbourg pour mes études supérieures que j’ai découvert les spectacles de cabaret et de burlesque. Ces disciplines mélangeaient tout ce que j’aime : la danse, le théâtre, la création et le côté vintage.

En 2016, j’ai commencé à prendre des cours dans une école à Strasbourg qui proposaient ces types de danses, puis progressivement, j’ai participé à des scènes ouvertes avec des professionnels de ces disciplines. C’est après le Covid, qu’avec plusieurs artistes, nous avons créé une troupe pour nous impliquer de façon encore plus sérieuse dans la scène artistique. Depuis, j’ai participé à plusieurs festivals et spectacles en France et en Suisse, et je candidate cette année pour participer à plusieurs festivals en Europe.

Lorsqu’on évoque ces types de danses, les gens imaginent des strass, des paillettes, des scènes grandioses comme le Moulin Rouge ou encore le Crazy Horse. Mais quand tu n’es pas au sommet de cet art, tu es amenée à danser dans toutes sortes de lieux. Le plus improbable ? Sur une remorque de camion pour un comité d’entreprise ! (rires) Des anecdotes, j’en ai plein ! Parfois nous avons des loges, parfois nous devons nous changer dans des placards à balais ! Nous performons souvent dans des lieux qui ne sont pas faits pour de la danse, mais on s’adapte car l’essentiel est l’interaction avec le public

Crédit photo : jody_two_wolves

Quelle part représente aujourd’hui votre passion dans votre vie ?


Cela dépend des périodes. Je pratique ces disciplines au quotidien, mais je n’ai pas forcément des spectacles tout le temps. Hors des spectacles, il y a la création des costumes, des chorégraphies, le choix des musiques, les répétitions… Cela prend les week-ends et les soirs après le travail. J’étais déjà dans le milieu lorsque j’ai rencontré mon conjoint, donc il savait dans quoi il mettait les pieds ! (rires) Lui est dans les véhicules anciens donc nos deux passions se côtoient.

Pour donner un exemple, j’ai créé mon numéro phare de « Cactus » en 2016-2017, mais le costume a évolué 4 fois depuis. Généralement, nous créons nos costumes nous-mêmes car cela participe au processus créatif global et les faire réaliser par un artisan coûterait plus cher. J’ai toujours un peu bricolé, mais j’ai vraiment appris à coudre pour créer mes costumes. On ne peut pas compter le temps passé, mais je peux dire que c’est BEAUCOUP de temps ! (rires) Il faut plusieurs semaines pour élaborer un numéro, puis des mois pour le peaufiner sans cesse. L’inspiration peut venir de partout : parfois c’est la musique, un costume, un croquis, un concept…

Le fait que ce soit pluridisciplinaire est vraiment intéressant : on passe d’ingénieur du son à couturière par exemple. J’aimerais pouvoir avoir davantage de temps à dédier à ma passion, mais « pouvoir en vivre à 100% » n’est pas réaliste. La plupart des artistes cumulent en fait plusieurs jobs. On investit plus (en temps, en matériel, en création…) que ce qu’on gagne (financièrement) à la fin d’une prestation.

Que vous apporte votre passion sur le plan personnel et/ou professionnel ?


Dans ma vie de tous les jours, faire de la scène m’a permis de prendre plus confiance en moi et d’être moins timide. Pour moi, c’est une véritable échappatoire qui me permet de lâcher prise et le côté manuel me permet aussi de me vider la tête.

Je vois les bienfaits de ces pratiques qui apportent de la confiance en soi chez les femmes. J’aimerais un jour pouvoir faire un lien entre ma passion et mes missions professionnelles dans la prévention, comme par exemple proposer des ateliers à des femmes âgées ou atteintes par des maladies. En effet, ces disciplines offrent la possibilité de travailler son rapport au corps, à la nudité (car les artistes sont plus ou moins habillés selon la performance) et au regard des autres sur soi. Dans ces disciplines, on voit tous les types de corps contrairement à d’autres styles de danses et la possibilité d’être créatif y est infinie !

Trois mots pour résumer votre métier, trois mots pour résumer votre passion ?


- Mon métier : challenge, organisation et empathie.

- Ma passion : échappatoire, créativité et paillettes.

Y-a-t-il une ou des femmes qui vous inspirent particulièrement ?


Dita Von Teese.

Elle a commencé comme vendeuse de lingerie et a poussé son art à un tel niveau qu’elle a fait découvrir le burlesque au monde entier. Au-delà de l’artiste, c’est aussi une véritable femme d’affaires. Elle a aussi cette aura intemporelle que je trouve très belle.

Être une femme dans votre métier/votre passion ça change quelque chose ou pas ?


Le point commun entre le secteur médico-social et le milieu du burlesque est que les femmes y sont majoritaires. Ce qui est plutôt hors du commun par rapport à d’autre secteurs.

La danse burlesque permet une réappropriation de l’image de la femme par les femmes et pour les femmes. Contrairement à ce qu’on peut croire, les spectateurs de burlesque sont généralement majoritairement des femmes.

Photo fournie par Mélissa

Journée internationale des Droits des Femmes, pour vous, nécessaire ou pas ?


Pour moi, c’est surtout la piqûre de rappel annuelle mondiale. Dans des pays, pas si éloignés du nôtre, tout n’est pas acquis et les inégalités hommes-femmes sont toujours présentes même dans les pays les plus modernes. Par ailleurs, on constate qu’en temps de crises ce sont toujours les droits des femmes qui sont remis en question.

Cette journée est nécessaire car tout n’est pas acquis. Il reste toujours des choses à faire évoluer.

Vous vous réveillez "homme" demain matin, quelles sont les trois premières choses que vous faites ?


Je vais m’acheter de quoi m’habiller (rires).

Je vérifie si ma fiche de paie est différente. Même si j’ai l’impression qu’à l’Abrapa il n’y pas de différences, ce geste me semble symboliquement important.

J’observe si je ressens vraiment une différence de traitement en tant qu’homme.

Crédit photo (visuel principal) : strasdanse

Contactez-nous

Être rappelé

Carte interactive

Nous rejoindre