Double "je" : portrait de Nathalie
A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes
Quel métier exercez-vous à l’Abrapa actuellement ?
Depuis 2001, je suis aide à domicile dans le secteur de Lons-le-Saunier sud.
Petite fille, quel était votre rêve ? Ou quel métier rêviez-vous de faire ?
Je rêvais d’être trapéziste. Sportive dès mon plus jeune âge, je pratiquais les anneaux aussi bien en club que dans mon jardin. Des soucis à l’épaule m’ont empêché de continuer dans cette voie.
Pouvez-vous nous présenter votre passion ?
A la maternelle, ma maîtresse montrait déjà mes dessins en exemples. A la fin de mes études (CAP « employée technique de collectivité »), ma professeure principale a convoqué mes parents pour les convaincre que j’étais faite pour les Beaux-Arts. Malheureusement, mon père a émis une fin de non-recevoir (« ce n’est pas un métier ! ») et dans ce temps-là, pas question de discuter les décisions paternelles. Après deux jours de larmes versées, le sujet est clos et la famille n’en reparlera plus jamais… même si, au fil du temps, mon père m’a finalement complimenté sur mon talent.
Mais pas question pour moi de renoncer à ma passion pour la peinture. Je m’y consacre durant mon temps libre. Bien-sûr, peindre demande de l’argent afin de payer le matériel. J’ai donc d’abord opté pour la technique la moins onéreuse : la gouache sur des feuilles de papier Canson. Avec le temps, je me suis perfectionnée dans l’acrylique sur toile mais toujours en autodidacte. Pour mes 40 ans, ma famille m’a offert un coffret de peinture à l’huile. J’ai alors découvert cette technique et me suis vite rendue compte que le temps de séchage est très long. Mais j’ai utilisé jusqu’à la dernière goutte de peinture à l’huile du coffret avant de revenir à l’acrylique.
Je peins alors des natures mortes, des paysages et fais de plus en plus entrer les couleurs vives dans mes tableaux. J’aime la gaité que me procurent les couleurs.
Photo fournie par Nathalie
Quelle part représente aujourd’hui votre passion dans votre vie ?
Je travaille à mi-temps ; je peux donc consacrer mes après-midis et mes soirées à ma passion. J’ai une préférence pour les soirées… parfois les nuits qui m’apportent calme et tranquillité. Une fois à l’ouvrage, le temps est suspendu et il n’est pas rare que mon époux me rappelle l’heure pour prendre quelques heures de sommeil avant de me rendre au travail.
Pendant quelques années, j’ai animé un atelier peinture pour les femmes de mon village. Entre rigolade et peinture, j’ai réussi à leur enseigner de solides bases qui ont permis à certaines de devenir peintres amatrices.
Que vous apporte votre passion sur le plan personnel et/ou professionnel ?
Peindre est pour moi un pur bonheur qui me procure bien-être et liberté. D’ailleurs, quand je peins, tout va bien !
Si je n’expose pas mes toiles, ma petite notoriété locale m’a amené à réaliser des commandes particulières. Mes amis, connaissances plus ou moins lointaines me procurent une toile, un sujet et des photos de tableaux qu’ils aiment. Je laisse alors libre cours à mon imagination et ne demande jamais à être payée ; les gens me donnent ce qu’ils veulent.
Trois mots pour résumer votre métier, trois mots pour résumer votre passion ?
Les mots qui caractérisent mon travail sont : maniaque, bien fait…voire parfait. Pour moi, à chaque chose sa place. Quand je vois un cadre de travers chez un bénéficiaire, je ne résiste pas à le remettre droit. J’ai choisi mon métier pour aider mon prochain. J’ai développé un sens aigu de la communication, suis profondément positive : je perds rarement le sourire !
Les trois mots qui caractérisent ma passion : joie, patience … et à bas les écrans !
Photo fournie par Nathalie
Y-a-t-il une ou des femmes qui vous inspirent particulièrement ?
Spontanément, je dirais ma mère et ma grand-mère. Je suis née dans une famille modeste dont les femmes faisaient preuve de dévouement pour leur famille. Je prends clairement exemple sur leur sens de l’aide dans ma vie d’aujourd’hui. Je vous livre une petite anecdote : mon grand-père était le jardinier du Château de Layer en Saône-et-Loire où je passais mes vacances entre le parc, la piscine et le court de tennis. D’ailleurs, comme je dis souvent : « je suis née au Château mais ne suis pas châtelaine ! ».
Après réflexion, Joséphine Baker m’inspire aussi énormément. Artiste, chanteuse et danseuse, Joséphine Baker s’est engagée dans la résistance durant la seconde guerre mondiale en étant correspondante des services secrets français. Elle milite contre le racisme et pour les droits civiques américains. Joséphine Baker se tient en uniforme français aux côtés de Martin Luther King lors de son discours « I have a dream ». Décorée de la Légion d’Honneur, elle entre au Panthéon.
Être une femme dans votre métier/votre passion ça change quelque chose ou pas ?
Je pense qu’une femme vaut un homme et inversement. Pour moi, le genre ne définit pas les compétences. La preuve, il y des hommes aides à domicile à l’Abrapa qui font un travail remarquable et de nombreux artistes masculins de talent.
Journée internationale des Droits des Femmes, pour vous, nécessaire ou pas ?
Très certainement nécessaire puisqu’elle existe et force est de constater qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre l’égalité entre les hommes et les femmes.
Vous vous réveillez "homme" demain matin, quelles sont les trois premières choses que vous faites ?
Je m’assure que mon mari n’est pas devenu femme !
Je m’habille en homme.
Je ne sors pas et attends le lendemain matin en espérant redevenir une femme.
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