Double "je" : portrait de Déborah
A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes
Quel métier exercez-vous à l’Abrapa actuellement ?
Je suis Cheffe de service aux activités en résidences. Ma mission consiste notamment à coordonner les partenariats et les activités pour l’ensemble des résidences, à accompagner les responsables lors de situations délicates et à gérer les demandes et le suivi des subventions. J’ai également en charge l’équipe de gestion locative.
Petite fille, quel était votre rêve ? Ou quel métier rêviez-vous de faire ?
Je rêvais d’être pharmacienne ! Parce que ce métier me paraissait à la fois mêler l’aspect aide et accompagnement, de la gestion et de l’organisation (de l’officine) et un petit aspect commercial avec une réflexion autour de la mise en avant des produits. J’ai d’ailleurs tenté cette voie avant de me réorienter.
Pouvez-vous nous présenter votre passion ?
Je fais de l’accompagnement de groupes de musique metal !
L’organisation d’évènements dans le monde des musiques actuelles (amplifiées) – dont fait partie le metal - était d’ailleurs ma deuxième orientation professionnelle.
Adolescente, j’avais le goût pour la musique un peu énervée et au lycée déjà de l’intérêt pour tout ce qui était en lien avec les groupes et l’organisation de concerts. J’ai d’abord découvert ce type de musique à la radio, puis j’ai creusé par curiosité sur internet et j’ai ainsi découvert les nuances et subtilités de ce vaste style musical et cela m’a plu. J’écoutais un peu cette musique dans mon coin car ce n’était pas du tout dans les mœurs familiales et amicales !
Après avoir tenté des études pour faire pharmacie, je me suis réorientée vers une licence d’arts du spectacle avec pour objectif de travailler dans le monde de la musique. A la fin de cette formation, j’ai fait un stage au service animation de l’Abrapa, stage qui s’est ensuite transformé en job d’été au service téléassistance, puis en CDD, en CDI et je suis toujours dans l’association depuis !
Du coup j’ai placé ma passion sur le plan amateur sans pour autant l’oublier et je me suis orientée vers l’organisation de concerts et la prise de photos de concerts metal.
De fil en aiguille, j’en suis venue à accompagner des groupes côtoyés en concert pour différents aspects non musicaux, notamment en tant que :
- « bookeuse », qui consiste à rechercher des lieux pour se produire en concert
- « community manageuse », pour la gestion des réseaux sociaux
- « attachée de presse » c’est-à-dire contacter les médias pour les informer de l’actualité des groupes, sorties de clips, d’albums, etc),
- « tour-manageuse » lors des concerts avec l’organisation du trajet, de l’hébergement, la coordination du groupe pour que tout le monde ait tout ce qu’il faut et puisse monter sur scène à temps et sereinement.
Un des groupes que j’accompagne me surnomme d’ailleurs « tour-maman » 😊
Je suis également bénévole en tant qu’assistante plateau au Lions Metal Fest à côté de Lyon et j’ai accompagné à la réalisation des deux albums notamment sur l’aspect coordination graphique.
J’accompagne aujourd’hui 3 groupes en Alsace-Moselle (Deficiency, Beyond The Void et Elkinn) et un projet studio (Ars Notoria) et commence à connaître du monde localement dans le milieu.
Déborah avec le groupe Deficiency
Le fait d’aller régulièrement à des concerts + ma formation initiale et mon intérêt pour l’envers du décor m’ont naturellement emmenée vers le conseil et l’accompagnement de groupes.
Pourquoi des groupes locaux ou émergents ? Parce que je me sens utile en les aidant. Être utile aux autres est quelque chose de très important pour moi, faire que les autres soient bien, que ce soit à l’Abrapa ou via ma passion.
Ma récompense ? Que les groupes arrivent à faire de belles dates, que les musiciens et le public soient contents.
Une anecdote en lien avec ma passion ? Le Riedler Open Air à Wiernsheim en Allemagne le 26 août 2022 ! C’est un festival en extérieur en Allemagne où j’accompagnais le groupe Deficiency. Tout se passait bien, le groupe a ouvert le festival et leur concert s’est déroulé tout à fait habituellement, mais quelques dizaines de minutes plus tard, alors que rien ne le présageait, un énorme orage avec grêlons s’est abattu. Pendant 10 minutes on était tous entrain d‘essayer de se protéger au mieux de la pluie, de la grêle sous des tonnelles, c’était très particulier et un souvenir marquant. Le terrain était devenu tellement boueux que j’ai galéré à sortir le van du parking !
Quelle part représente aujourd’hui votre passion dans votre vie ?
Une part très importante, presque comme un deuxième emploi, quasi tout mon temps en dehors du travail et du sommeil ! Mon entourage familial ne comprend pas forcément parce qu’ils ne sont pas du même monde, pour le reste c’est de l’organisation.
La différence entre les deux (mon métier et ma passion) est claire, nette et le fait de faire des horaires de bureaux me permet de faire le reste en soirée et les week-ends. En finalité les deux s’articulent très bien.
Que vous apporte votre passion sur le plan personnel et/ou professionnel ?
Un épanouissement, c’est ce que j’aime. Et un développement de compétences car je découvre et m’intéresse à de nouvelles choses.
Ce qui est commun c’est tout l’aspect gestion de projets, les deux me demandent une adaptabilité importante, de la polyvalence, de l’autonomie et un travail en lien avec d’autres acteurs.
Trois mots pour résumer votre métier, trois mots pour résumer votre passion ?
Polyvalence, adaptabilité, lien social (pour les deux).
Ma passion paraît atypique mais ça ne l’est pas tant que ça. On est dans l’organisation et la gestion de projet, simplement dans un domaine différent.
Déborah avec le groupe Deficiency
Y-a-t-il une ou des femmes qui vous inspirent particulièrement ?
Je vais en nommer deux : Noémie BOURGOIS et Marion BOESCH.
Ce sont des femmes de l’ombre qui travaillent dans le milieu de la musique metal. Elles font énormément de choses différentes et sont très humbles par rapport à cela. Elles sont inconnues du grand public mais j’admire leur travail, leur implication et leur investissement me parlent.
Être une femme dans votre métier/votre passion ça change quelque chose ou pas ?
Par rapport à ma vision à moi non. Dans le monde du travail non. Et de par mon expérience dans le milieu du metal, cela ne change rien, je n’ai jamais ressenti de différences ou de discrimination. Par contre, il y a beaucoup de femmes dans le milieu du metal et de la musique en général qui subissent des remarques, discriminations et des différences de traitement, ce qui n’est pas normal. Le mouvement « More women on stage » a été créé récemment afin de défendre la place des femmes sur scène et dans les coulisses et tendre vers une équité, ce monde étant jusqu’à présent majoritairement masculin.
Journée internationale des Droits des Femmes, pour vous, nécessaire ou pas ?
Importante oui, parce qu’effectivement de manière globale il y a encore des progrès à faire pour arriver à une équité entre les sexes au quotidien.
Vous vous réveillez "homme" demain matin, quelles sont les trois premières choses que vous faites ?
J’appelle mes meilleurs amis, je leur dis « je crois qu’il y a un problème », je regarde si j’ai de quoi m’habiller et puis je m’adapte !
Le mot de la fin ?
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas la musique metal, essayer d’être curieux et ouvert, de découvrir et finalement peut-être de faire sauter certains clichés !
Pour en savoir plus sur More Women On Stage & Backstage
Extraits des groupes que Déborah accompagne :
Deficiency (Thrash Metal Mélodique – Moselle) – A Fire Asleep
Beyond The Void (Death Metal – Alsace) – Mother Earth
Elkinn (Death Metal Progessif – Strasbourg) – Héliogabale
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