
Duos mères-filles à l'Abrapa : Marie-France et Coralie
Portraits croisés à l'occasion de la Journée internationale des Droits des femmes
« Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation » telle est la thématique de l'édition 2025 de la Journée internationale des Droits des femmes, créée par l'ONU. À cette occasion, l'Abrapa a souhaité mettre en lumière cette année, des duos mères-filles. Deux générations de femmes qui partagent à la fois leur filiation et le choix qu'elles ont fait de travailler au sein de la même Association. Découvrez le 1er portrait croisé de Marie-France, Aide à Domicile et de sa fille Coralie, Auxiliaire de Vie, et le regard qu'elles portent chacune sur la place de la femme dans leur métier et au-delà dans la société. Merci à elles.
Depuis quand travaillez-vous à l’Abrapa ?
Marie-France : Je travaille à l’Abrapa depuis 23 ans.
Coralie : Pour moi, cela va faire 6 ans en avril que je travaille à l’Abrapa.
Quel métier exercez-vous à l’Abrapa actuellement ?
Marie-France : Je suis Aide à Domicile. À l’Abrapa, j’ai toujours exercé ce métier. Mais j’ai fait d’autres métiers avant. J’ai commencé à l’Abrapa à 18 ans, je suis partie ensuite pour faire beaucoup d’autres choses et je suis revenue il y a 23 ans. J’interviens sur Strasbourg, je fais tout à vélo c’est beaucoup plus simple et ça fait un peu de sport, ça entretient ! (rires) 🙂
Coralie : J’ai commencé en tant qu’Aide à Domicile, puis j’ai fait des formations et cela fait un an maintenant que je suis Auxiliaire de Vie. J’interviens aussi sur le secteur de Strasbourg, à l’Esplanade, à la Krutenau…
Être une femme dans votre métier ça change quelque chose ou pas ?
Coralie : Les personnes âgées ont plus l’habitude que ce soient des femmes qui s’occupent d’elles, notamment pour la petite toilette. Elles ont un peu plus de mal quand c’est un homme qui intervient, j’ai déjà rencontré cette situation pour ma part.
Marie-France : « Aides à Domicile » ou comme disent les anciens « femmes de ménage », ce sont en règle générale des femmes qui font ces métiers. Mais nous avons eu des hommes qui le faisaient aussi très très bien. Ce que j’ai pu remarquer c’est que nous voyons peut être plus les détails et que nous avons plus l’habitude d’effectuer ces tâches à titre personnel.
Journée Internationale des Droits des femmes, pour vous, nécessaire ou pas ?
Coralie : Je dirais que oui, en soit elle est nécessaire.
Marie-France : Mais je ne sais si cela sert vraiment à quelque chose parce que lorsqu’on entend tout ce qu’il se passe : les féminicides, les viols…
Mais c’est bien de le faire quand même, pour ne pas oublier. Il faut y penser.
Selon vous, qu’est-ce qui a changé au niveau de la place de la femme dans la société entre vos générations respectives ?
Coralie : La technologie ! Nous devons travailler avec des smartphones professionnels au quotidien, pour moi ce n’est pas un problème, mais pour les générations comme celle de ma mère… c’est plus compliqué ! (rires) 🙂
Marie-France : Au début, nous avions des feuilles à faire signer… Je ne suis pas contre l’amélioration, mais c’est vrai que pour ma génération, on s’y met, on n’a pas vraiment le choix mais c’est plus compliqué.
Coralie : Pour nous c’est logique de travailler avec le smartphone.
Marie-France : Alors que pour nous, on se demande : « Pour quoi il y a ce message qui s’affiche ? Si j’appuie qu’est-ce qu’il va se passer ? Aide-moi rapidement Coralie ! » On a un ordinateur à la maison mais je ne l’utilise pas. Et il faut dire que quand il y a des bugs, c’est la panique totale ! Je ne dis pas que je ne suis jamais allée derrière un ordinateur, je regarde aussi parfois des recettes de cuisine par exemple, mais ça s’arrête là. Mais bon chacun fait ce qu’il veut.
Sur le statut des femmes… il y a 60 ans, on avait notre rôle, c’était mère au foyer et puis c’est tout. Maintenant pour les jeunes c’est totalement différent. Ils sont beaucoup plus indépendants, ils savent ce qu’ils veulent et ont un but à atteindre. C’est très bien !
Coralie : Les tenues vestimentaires ont beaucoup changé aussi. Il y a un décalage entre avant et maintenant.
Marie-France : Dans le travail aussi des choses ont changé. À l’époque si un emploi ne nous convenait pas, on pouvait facilement en trouver ailleurs. Aujourd’hui, c’est plus compliqué. Je trouve que c’est plus dur, notamment pour les femmes. Nous ne sommes pas encore sur un pied d’égalité. On avance, et même si les femmes osent plus parler et s’affirmer, on n’y est pas encore.
Quelles causes vous tiennent particulièrement à cœur ?
Coralie : Il y a bien sûr les violences.
Marie-France : Oui, les violences c’est toujours pareil. Plus ça va et plus je trouve qu’il y en a de plus en plus. Vous allumez la radio, vous allumez la télé… c’est affolant. Pour un téléphone, pour un regard… c’est aberrant.
Dans la santé, il y a eu de l’évolution aussi. On arrive plus facilement à se soigner qu’avant. Et on a la chance d’avoir des gens qui nous soutiennent.
Selon vous, qu’est-ce que les femmes apportent à la société ?
Marie-France : Leur savoir-faire, leur sensibilité…
Coralie : Tout à fait, cela peut être une bonne chose.
Marie-France : Et on voit les choses différemment.
Qu’est-ce qui vous inspire l’une chez l’autre ?
Marie-France : Elle a du courage !
Coralie : Elle en a aussi ! Cela va dans les deux sens ! (rires) 🙂
Marie-France : Il y a des choses qu’elle arrive à faire... Par exemple, au travail elle est beaucoup plus patiente qu’à la maison.
Coralie : Et ma mère, qu’il pleuve, qu’il vente ou même qu’il y ait une tempête de neige dehors, elle va prendre le vélo pour aller travailler. Elle pourrait prendre un autre moyen de transport ? Non, ce sera le vélo ! (rires) 🙂
Marie-France : Le fait d’être en arrêt de travail, c’est compliqué pour moi. Si vraiment je ne vais pas bien, d’accord. Mais je ne vais pas chez le médecin pour qu’il me mette systématiquement en arrêt. Là-dessus on se rejoint beaucoup avec ma fille.
Coralie : On travaille avec des personnes qui ont besoin de nous quasiment tous les jours. Donc ce n’est pas facile de se dire « oh ce n’est pas grave, le bénéficiaire ne va pas manger aujourd’hui, tant pis ». Les enjeux ne sont pas les mêmes.
Marie-France : On compte sur nous… un peu comme dans le slogan des Enfoirés.
Qu’avez-vous transmis à votre fille dans votre éducation par rapport à la place, au rôle, aux droits et aux devoirs de la femme ?
Marie-France : J’espère que j’ai réussi à lui transmettre de bonnes valeurs. Le respect. Je pense qu’avec mon mari on s’en est bien sortis et qu’on a réussi à bien l’élever.
Si un jour vous avez une fille, quels messages aimeriez-vous lui faire passer ?
Coralie : Ne surtout pas se laisser faire par qui que ce soit.
Et parler surtout. Parler quand ça ne va pas.
Est-ce que c’est votre maman qui vous a inspiré pour votre métier/travail à l’Abrapa ?
Coralie : Oui, c’est exactement ça. 😊
Quand je faisais mes études, j’ai aussi découvert le métier en faisant des jobs d’été. Puis, l’ancienne responsable de ma maman me connaissait déjà depuis que j’étais toute petite. Du coup, j’ai eu un lien plus facile pour rentrer à l’Abrapa.
Marie-France : Et de par ton travail aussi… parce que tu travaillais bien !
Coralie : Oui aussi et le métier m’a plu : le contact avec les personnes âgées, leur venir en aide…
Marie-France : Nous avons aussi cette faculté d’écouter. Ce n’est pas que le ménage ou faire à manger… il y a aussi beaucoup de dialogue. Les bénéficiaires en ont besoin, notamment ceux qui sont seuls et ceux dont les familles viennent rarement leur rendre visite. On écoute beaucoup. Ces personnes ont un vécu.
Quand j’ai commencé dans ce métier, je me rappelle qu’à la période de Noël, on faisait des petits gâteaux avec les personnes âgées. Encore aujourd’hui, je fais des recettes provenant de ces personnes mais qui ne sont plus là depuis un moment. Je me souviens de certaines phrases qu’on m’a dites comme « Tu penseras à moi un jour ! ». Ce sont des phrases qui restent.
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